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De l'évolution
... à la révolution
L'évolution des techniques
et des pratiques agricoles est permanente. La diversité
et les effectifs des messicoles en sont tributaires.
L'usage de la prairie artificielle remplaçant la jachère
et la mécanisation avec l’emploi du semoir automatique
rationalisant la densité de semis, ont limité la quantité
des messicoles.
Garidelle (Garidella nigellastrum)
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À gauche,nigelle de France (Nigella gallica)
À droite, pied d'alouette de Verdun (Delphinium
verdunense)
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Mais
les engrais chimiques, les amendements, et les herbicides
ont perturbé considérablement l'agroécosystème depuis
les années 1970. Cette révolution agricole n'est pas sans
dommage pour les espèces vivantes et leur milieu. Quelques
espèces sont protégées par la loi, comme entre autres
: la nigelle de France (Nigella gallica Jordan),
la garidelle (Garidella nigellastrum L.), la dauphinelle
de Verdun (Delphinium verdunense Balbis). Mais
le champ d’application de cette loi exclu la parcelle
habituellement cultivée. Il est donc nécessaire d’agir
avec d’autres méthodes conservatoires. |
Un
constat préoccupant
La flore adventice
des zones cultivées s'est profondément modifiée depuis
une trentaine d'années sous l' influence des techniques
agricoles. Des espèces peu gênantes auparavant ont
pris le champ libre laissé par la disparition des
messicoles les plus sensibles aux herbicides (inversion
de flore).
Aujourd'hui, en France, 95 % des surfaces des céréales
à paille sont désherbées chimiquement (cela représente
environ plus de 7 millions d’hectares en France, c’est
aussi un beau marché économique). L'objectif idéalisé
de l'agriculture moderne : pas de « mauvaises
herbes », ne peut jamais être atteint. Il y en aura
toujours ! Mais la diversité se réduit à un petit
nombre d’espèces banales, comme les véroniques (Veronica
sp.) ou la bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris
(L.) Medik.).
Papillon suicidaire se dirigeant
vers un champ sans fleur !
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désherbage chimique (traces de roues de tracteurs)
Champ extensif / Champ désherbé chimiquement

Question :
à votre avis, mais où les vrais papillons
vont-ils aller ?
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Des
disparitions programmées ?
Les effectifs et la diversité de cette flore
ont subi une érosion alarmante. On estime à 300 espèces (P.
JAUZEIN, 1995) le nombre d'adventices menacées en France par
l'évolution des pratiques agricoles modernes. L'agriculture
de nombreuses régions, plus agressive et plus favorisée dans
son développement, a quasiment éradiqué ces messicoles. Des
actions de conservation pour les espèces les plus rares et
en danger sont développées par le Parc national des Cévennes,
le Parc naturel régional du Luberon, par les Conservatoires
botaniques nationaux et par des structures associatives.
Des
pratiques favorables au maintien des messicoles
L’emploi du fumier et des pailles restitue
au sol une partie des graines d’adventices. L'absence d'herbicides
ou la présence de bordures et lisières indemnes d'engrais
chimiques et d'herbicides ne sont pas les seules conditions
favorables au maintien ou bien à la restauration des populations
de messicoles.
Certaines pratiques agricoles peuvent
assurer leur pérennité :
- des précédents culturaux favorables : prairies
artificielles de sainfoin ou de luzerne, une succession
de 2 cultures de céréales d'hiver,
- des rotations de cultures courtes (3 à
4 ans),
-l'usage des semences fermières provenant de l'exploitation,
-le pâturage sur les chaumes par les troupeaux d'ovins,
- des engrais azotés et de fond peu dosés,
voire leur absence (agriculture biologique),
- des labours non tardifs et des semis précoces
de faible densité,
- des jachères, dans leurs définitions agronomiques
(repos du sol) ou la non intervention quand les cultures
ont été accidentées par le gel.
Ces mesures techniques sont cependant contraignantes
et pénalisantes pour le revenu de l'agriculteur. Des rétributions,
proposées dans le cadre d'opérations de types aides agri-environnementales
peuvent soutenir cette agriculture ayant une pression moindre
sur l'environnement.
La valorisation économique de ces pratiques
s'intègre aussi dans la recherche par les consommateurs d'une
réelle authenticité et de la sécurité alimentaire des produits
agricoles issus de cette agriculture extensive.
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