Une dimension
scientifique économique et conservatoire |
Cette flore autrefois banale est
devenue un parent pauvre de la botanique par la raréfaction
de ces composants, mais aussi par le nombre réduit des
botanistes qui s’intéressent à ces plantes et au milieu
agricole en général. Des expertises botaniques
sont conduites depuis 1996 sur le territoire du Parc
national des Cévennes pour dresser le bilan de la flore
messicole, approfondir la connaissance
des pratiques agricoles et de leurs impacts et envisager
des stratégies de conservation.
Un accompagnement
et une formation ont été délivrées par La
Garance voyageuse à des agents de terrain de ce
Parc national pour la reconnaissance des messicoles
et à la problématique de leur conservation.
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Parcelle en jachère contractualisée avec
le PnC
(Mas de Val, Causse Méjean)
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Des mesures conservatoires ont été proposées
en partenariat avec des agriculteurs et le Parc national
des Cévennes (réalisation de cahier des charges pour
les parcelles contractualisées), et le suivi de ces
parcelles contractualisées (observation du respect des
contraintes des pratiques agricoles, de l’évolution
des effectifs et de la dynamique de la flore adventice).
Des inventaires
botaniques sont réalisés en Languedoc Roussillon
pour suivre l’évolution de cette flore et envisager
d’autres actions conservatoires.
La participation à l’élaboration
du Plan national d’actions messicoles
initié par le Ministère de l’Environnement qui synthétise
les constats régionaux et les mesures prises ou envisagées,
a permis surtout de nouer des contacts, de valoriser
les échanges et d’obtenir des données. La diffusion
de ce document a été très restreinte et aucune suite
concrète pour l’instant n’a été donnée à ce Plan national
d’actions (qui est tombé à l’eau ?).
Une réactivation de ce plan est en cours et devrait
développer les programmes de restauration de
la flore messicole.
Cent-dix taxons considérés comme
des « messicoles » ont été sélectionnés suite
à ce travail :
liste 1 :
taxons en situation précaire
liste 2 : taxons se maintenant plus ou
moins bien selon les régions
liste 3 : taxons encore abondants.
Voir la liste de ces taxons sur http://www.tela-botanica.org/page:plantes_messicoles_liste
Un forum sur Tela Botanica est dédié aux
messicoles : http://groups.yahoo.com/group/tb-messicoles

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La flore compagne des moissons :
une flore riche, méconnue et menacée,
des champs de céréales
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Coquelicots,
bleuets, adonis et nielles des blés sont les fleurs
les plus emblématiques parmi une foule d'espèces moins
voyantes comme le caucale à fruits larges (Caucalis
platycarpos L.), la renoncule des champs (Ranunculus
arvensis L.) ou la très raréfiée neslie à panicule
(Neslia paniculata (L.) Desv.).
Elles sont appelées «
fleurs des champs » par les poètes, adventices
des cultures par les agronomes ou encore messicoles
par les botanistes (du latin : messi = « moissons
» et - cole : « l’habitat » ; «qui
habitent dans les moissons »). Accompagnatrice
des cultures de céréales d’hiver pendant des millénaires,
cette flore particulière est riche, variée et menacée
de disparition par l’évolution des pratiques agricoles
modernes (Bupleurum rotundifolium L.).
L’agriculture extensive
et l’agropastoralisme ont assuréjusqu’à nos jours sa
pérennité. Ce patrimoine collectif est une partie importante
de leurs identités.
Caucale à fruits larges

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Adonis
goutte de sang ( Adonis annua)
Ranunculus arvensis / Neslie à panicule
(Mas de Val)
Buplèvre à feuilles rondes
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Des invitées inattendues
Depuis le début de l'agriculture,
l'homme a contribué à modifier d'une façon importante
les paysages et ses composantes. La flore sauvage utilisée
par les hommes est devenue progressivement cultivée.
C'est le cas de nos céréales (orge, blé, avoine, seigle)
qui sont issues de graminées sauvages du Proche-Orient
et du Moyen-Orient. D'autres espèces sauvages ont profité
des migrations humaines et animales et de l'invention
du champ labouré pour fréquenter de nouveaux lieux.
Par son apport en nourriture
et en habitat cette flore contribue à la vie de tout
un petit peuple : mammifères sauvages, oiseaux et insectes.
Liée à l’agroécosystème, cette faune peuple ces espaces
destinés à la subsistance de l'agriculteur et de son
troupeau. Cette production de biens environnementaux
non comptabilisée dans le revenu agricole est aussi
une richesse patrimoniale induite qu'il est nécessaire
de prendre en compte. Mais l’évaluation financière et
économique de cette production est très difficile car
ses biens n’ont pas de réelles valeurs marchandes, ni
commerciales. Par contre, cette flore permet d’entretenir
des pyramides équilibrées et donc réactives de prédateurs
et de parasites de cultures.

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Campagne européenne de sensibilisation
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Causse noir,
friche à Stachys germanica
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Chardon béni (Cnicus benedictus)
Papaver rhoeas
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Un patrimoine transmis
De générations en génération,
les parcelles cultivées et leur contenu floristique
enrichi au fil des siècles, ont traversé le temps. Céréales
et messicoles sont associées à la vie pastorale et culturelle.
De nombreuses plantes utiles, parmi ces herbes que l'on
dit mauvaises, ont longtemps contribué à l'alimentation
humaine comme les coquelicots (Papaver sp.) et
les mâches (Valerienella sp.) ou animale et
à la médecine populaire (capitules de bleuets contre
les ophtalmies ou usage du chardon béni Cnicus benedictus
L.).
Mâche (Valerianella sp.)
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