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La flore des Cévennes

Constituant la limite sud du Massif Central, les vallées cévenoles bénéficient d'une nette influence méditérranéenne. Elles contrastent particulièrement avec les régions plus méridionales voisines, notamment par la dominance du schiste qui forme des reliefs particulièrement escarpés malgré l'altitude peu importante de ce massif.

Chênaie verte Maquis
Rochers secs Espèces introduites
Texte et images de Philippe Jestin
Diaporama
 


La chênaie verte

Comment parler de la végétation des vallées cévenoles sans commencer par le chêne vert (Quercus ilex). Essence dominante naturelle des régions méditerranéennes, l'yeuse règne sur tous les coteaux bien exposés. Les paradoxes de la nature font de son bois l'un des meilleurs combustibles qu'il soit, alors qu'il pousse sous des climats relativement doux ! Dans les Cévennes, sa flore compagne est particulièrement peu variée, notamment à cause de son couvert dense. On y rencontre diverses lianes, rendant souvent ces sous-bois impénétrables.

La Garance voyageuse (Rubia peregrina), proche cousine de la garance des teinturiers dont les racines fournissaient une teinture rouge, en fait partie. C'est une espèce parfois envahissante, ne se contentant pas des couverts forestiers puisqu'on la croisera aussi en lisière et dans les maquis. Autre liane, la salsepareille (Smilax aspera), la célèbre herbe des Schtroumpfs n'a vraiment rien d'appétissant, avec ses feuilles vernissées et tachées de clair, armées d'aiguillons.

Par contre le tamier (Tamus communis) est parfois consommé à la manière des asperges. Mais il faut bien reconnaître que même les toutes jeunes pousses de cette herbacée grimpante restent amères ; la plante adulte est d'ailleurs toxique et possède des propriétés antiechymotiques, d'où son nom vernaculaire " d'herbe aux femmes battues ".

Les amateurs de fougères remarqueront aussi une espèce voisine du capillaire noir, l'asplénium onoptéris (Asplenium onopteris), qui se reconnaît à ses frondes beaucoup plus fines aux extrémités, lui conférant un port " plus aérien ".



La châtaigneraie

Si le botaniste présente en premier lieu le chêne vert et son cortège, l'ethnologue donnera la primauté au châtaignier (Castanea sativa), l'arbre à pain des Cévennes.
Cet arbre a longtemps été la base de l'économie rurale cévenole, fournissant bois d'œuvre et de chauffage et surtout la châtaigne, aliment principal durant la majeure partie de l'année.

Aujourd'hui, l'ensemble de la châtaigneraie cévenole est relativement dégradée, à l'exception des vergers entretenus par quelques producteurs. Ici, comme sous le chêne vert, la diversité floristique n'est pas très élevée.

Toutefois, ces sous-bois s'illuminent en automne des grandes fleurs jaunes des sauges glutineuses (Salvia glutinosa). Cette espèce, assez peu répandue en France, est très abondante dans les Cévennes. Fréquente aussi, mais de préférence en lisière, l'aristoloche ronde (Aristolochia rotunda) est bien plus discrète, ses fleurs brunes n'attirant guère le regard. C'est toutefois une plante fort élégante pour qui sait l'admirer.
© Philippe Jestin
  Aristolochia rotunda

Le maquis

Milieu plus ouvert, le maquis est une autre constante des paysages cévenols.

On y rencontre quatre espèces de bruyères, constituant souvent l'essentiel de ces milieux. La plus abondante est la bruyère arborescente (Erica arborea) panachant de petits nuages blancs les coteaux siliceux de notre région au début du printemps. La bruyère à balais (Erica scoparia) ne signale sa discrète floraison au promeneur que par les fines pluies de pollens qu'elle abandonne au moindre contact avec sa ramure. Elle se distingue de la première par ses rameaux glabres (sans poils), tandis que ceux de la bruyère arborescente sont légèrement cotonneux.
© Philippe Jestin
La bruyère cendrée (Erica cinerea) et la callune (Calluna vulgaris) sont aussi bien représentées dans ces maquis. Parmi les arbustes fréquents de ces milieux, les filaires (Phillyrea angustifolia & P. latifolia) sont des espèces proches des troènes.   Erica arborea
   
© Philippe Jestin
Calluna vulgaris
L'arbousier (Arbustus unedo) ne doit pas être confondu avec l'argousier arbrisseau drageonnant et épineux croissant sur les sables littoraux et les rives du Rhône. L'arbousier est aussi appelé arbre aux fraises, car ses fruits rouges et comestibles en novembre rappellent ceux du fraisier.

Autre arbrisseau très fréquent. le ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius), aux élégantes fleurs blanches.
© Philippe Jestin
      Erica cinerea
       
Bien plus rares sont les cistes de Pouzolz (Cistus pouzolzii) et à feuilles de peuplier (Cistus populifolius), tout deux protégés.
Le premier doit son nom au botaniste De Pouzolz auteur d'une flore gardoise en 1862. Cet arbrisseau reste bas et se reconnaît à ses feuilles grises et ondulées. Le second est au contraire un arbuste bien plus vigoureux aux feuilles pétiolées et en cœur à la base.
Toujours dans la famille des cistes (Cistacées), les halimiums sont représentés dans la région par l'halimium faux-alysson (Halimium lasianthum subsp. alyssoïdes) et l'halimium en ombelle (Halimium umbellatum).
  © Philippe Jestin   © Philippe Jestin


  Cistus pouzolzii   Cistus populifolius

Les rochers secs

Intimement liées aux maquis, les zones rocheuses hébergent une multitude d'espèces, remarquables autant par leurs aspects que par leurs nombreuses adaptations (succulence, réduction de la surface foliaire, port en coussin, production d'essences volatiles...).

Les orpins, plantes succulentes de la famille des Crassulacées, en sont la parfaite illustration. Dans les Cévennes, on en rencontre fréquemment huit espèces. Parmi celles-ci, citons l'orpin à feuilles courtes (Sedum brevifolium), formant sur murs et rochers de petits coussins grisâtres à rougeâtres.
© Philippe Jestin
Sedum brevifolium
   
© Philippe Jestin En France, il n'est présent en dehors des Cévennes que dans les Pyrénées et la Haute-Vienne. L'orpin hérissé (Sedum hirsutum) mérite aussi d'être cité: il se reconnaît à ses feuilles hérissées de petits poils.
Le muflier asaret (Asarina procumbens), curieuse petite gueule-de-loup jaune aux feuilles arrondies est très fréquent dans la région. Il s'agit d'une plante endémique du Sud de la France et du nord-est de l'Espagne.
Sedum hirsutum
   
En début d'été, ces rochers sont un véritable festival de couleurs, lorsque se marient les coussins roses de l'oeillet du granit (Dianthus graniticus), et le jaune vif de l'andryale à feuilles entières (Andryala integrifolia), jolie Composées au feuillage cendré.
Cendrées aussi, les feuilles de la centaurée en peigne (Centaurea pectinata) dont les fleurs rosées accompagnent aussi les précédentes. Elle doit son nom aux appendices de ses bractées qui sont complètement recourbés, rappelant effectivement un peigne.
Cette période marque la fin de la floraison d'une espèce fort remarquable par ses fleurs rappelant celles d'un gros pissenlit d'un jaune très typique, l'urosperme de Daléchamps (Urospermum dalechampii).
© Philippe Jestin

  Urospermum dalechampii

Les rochers humides

Les zones de suintements des rochers siliceux sont particulièrement précieuses et abritent tout un cortège d'espèces rares et protégées, notamment des ptéridophytes (fougères et plantes alliées).

C'est le cas de l'ophioglosse des Açores (Ophioglossum azoricum) et de l'isoète de Durieu (Isoetes duriaei) toute deux très discrètes et protégées. L’ophioglosse se contente de produire une fronde en forme de langue, surmontée d'un petit épis portant les spores, le tout mesurant moins de 13 cm. L’isoète posséde des feuilles linéaires se confondant avec celles des graminées et des scilles. A peine plus fréquents. les cheilanthes sont représentés dans les Cévennes par le cheilanthe de Tinéo (Cheilanthes tinaei) et le cheilanthe d'Espagne (Cheilanthes hispanica). Ces fougères ont la particularité de se dessécher et de pouvoir redevenir vertes dès qu'il pleut, à la manière des mousses. C'est la capacité de reviviscence. Les zones de suintements des rochers siliceux sont particulièrement précieuses et abritent tout un cortège d'espèces rares et protégées, notamment des ptéridophytes (fougères et plantes alliées).
C'est le cas de l'ophioglosse des Açores (Ophioglossum azoricum) et de l'isoète de Durieu (Isoetes duriaei) toute deux très discrètes et protégées. L’ophioglosse se contente de produire une fronde en forme de langue, surmontée d'un petit épis portant les spores, le tout mesurant moins de 13 cm.
© Philippe Jestin
  Ophioglossum azoricum
L’isoète posséde des feuilles linéaires se confondant avec celles des graminées et des scilles.
A peine plus fréquents. les cheilanthes sont représentés dans les Cévennes par le cheilanthe de Tinéo (Cheilanthes tinaei) et le cheilanthe d'Espagne (Cheilanthes hispanica). Ces fougères ont la particularité de se dessécher et de pouvoir redevenir vertes dès qu'il pleut, à la manière des mousses. C'est la capacité de reviviscence.




Les espèces introduites

Terminons ce petit aperçu par quelques mots sur les plantes introduites. La douceur du climat permet en effet l’installation de nombreuses espèces non indigènes.

Parmi les ornementales " échappées " des jardins, citons les impatiences (Impatiens balfouri & I. glandulifera) et le pavot de Californie (Eschscholtzia californica).
Mais l'on rencontre aussi des graminées tropicales (Sporolobus indicus, Paspalum dilatatum...), des euphorbes naines nord-américaines (Euphorbia maculata), tout ce petit monde prospérant essentiellement aux bords des routes ou des cours d'eau.Toutefois certaines de ces introduites peuvent devenir envahissantes, voire même de véritables pestes végétales. C'est le cas, par exemple du robinier (Robinia pseudoacacia), colonisant de nombreuses ripisylves (forêts riveraines).
© Philippe Jestin
Robinia pseudoacacia
© Philippe Jestin
Impatiens balfouri
© Philippe Jestin
Euphorbia maculata