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L'herbier,
un outil pour le botaniste
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Outil indispensable pour combler
les inévitables failles de la mémoire du
botaniste débutant comme celle de l’amateur
confirmé, l’herbier est aussi un outil de
comparaison, donc de progression. Voici quelques conseils
pratiques pour réaliser le vôtre.
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Intérêt
et objectifs
Il n’est pas nécessaire de réaliser
un herbier exhaustif, surtout si ce dernier se veut un
outil de travail et non une simple collection. Dans ce
cas, on orientera son herbier vers les groupes nous semblant
plus délicats. Les échantillons d’herbier
deviennent alors les jalons de la progression. Dans cet
esprit l’herbier est particulièrement utile,
voire indispensable, pour toutes les "espèces
ingrates" (graminées, carex, joncs…),
les composées, les fougères, les mousses…
Mais l’herbier peut-être aussi un formidable
outil pédagogique, une méthode concrète
pour découvrir le monde des plantes avec les petits…
ou les moins petits !
Précaution et éthique
" Ne traitons pas la plante rare en simple objet
de collection et ne l’exterminons pas dans ses stations
pour satisfaire une simple passion tournée à
la manie. Détruire ce que l’on aime est une
assez mauvaise façon d’aimer."
Paul Fournier,
Les quatre Flores de France.
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La confection d’un herbier passe
obligatoirement par le prélèvement, donc par la
destruction partielle ou totale des plantes récoltées.
Il convient donc d’être prudent dans ses récoltes.
Toutes les espèces protégées doivent évidemment
en être exclues. De plus, le botaniste respectueux ne
collectera pas les plantes rares de la région, les espèces
peu abondantes sur leur station, ni dans les espaces protégés
(Réserves naturelles, Parcs nationaux)… L’époque
des centuries (échantillonnage de 100 individus d’une
même espèce) étant révolue, sachez
ne ramasser que ce qui vous sera utile. Enfin, si les règles
d’or de l’herbier parfait exigent l’emploi
de la plante entière, les objectifs de l’amateur
ne sont pas ceux d’un muséum. Laissons donc souches
et racines sur place, lorsqu'elles ne sont pas indispensables
à l'identification.
Réaliser
son herbier
Récolte Il
est préférable de récolter par temps
sec afin de faciliter le séchage. Pour certaines
espèces (Ombellifères par exemple), il convient
d'échelonner son échantillonnage afin d'obtenir
les différents stades végétatifs.
Sur le terrain, deux méthodes sont possibles lors
de la récolte des plantes. Soit elles sont directement
disposées entre les pages d’un annuaire,
soit elles sont stockées le temps de la sortie
dans une "boite de botaniste".
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Séchage La méthode
classique et convenant à la majorité des plantes,
consiste simplement à mettre sous presse, dans des feuilles
de journaux, durant une dizaine de jours, les végétaux
récoltés.
D’autres méthodes, plus sophistiquées, peuvent
être appliquées à certaines plantes ne conservant
pas leurs couleurs naturelles lors d’un séchage
ordinaire. C’est le cas des Orchidacées, Scrophulariacées
et Crucifères.
On peut utiliser l’anhydride sulfureux : les plantes fraîches
sont placées une heure environ dans un coffret étanche,
en présence d’une mèche soufrée en
combustion. Elles sont alors décolorées et reprendront
leurs teintes naturelles au bout d’une quinzaine de jours,
après un séchage classique.
Plusieurs autres méthodes emploient la chaleur. Les échantillons,
protégés d’un linge fin peuvent être
"repassés " à l’aide d’un
fer chaud. On peut aussi les sécher en utilisant de l’air
chaud pulsé dans un tunnel où sont disposées
les plantes comme lors un séchage classique.
Mise en planche et conservation Après
séchage, les plantes sont disposées sur un papier
pour leur présentation définitive. Pour la fixation
sur ces planches le ruban adhésif est préférable
à la colle qui tache les feuilles les plus sensibles.
Pour chaque échantillon, on indiquera avec soin : nom
scientifique et vernaculaire, famille, date, lieu de récolte,
habitat…
Certains arthropodes peuvent, avec le temps, détruire
vos échantillons. L’application d’insecticides,
tel la naphtaline, permet d’éviter ces désagréments.
Les herbiers à vocation pédagogique peuvent être
plastifiés (à l’aide d’un film plastique
transparent). Ils sont ainsi moins sensibles à la manipulation.
Les cas particuliers Les
champignons sont placés une nuit dans un séchoir
(appareil électrique employé pour la déshydratation
des fruits). Leur aspect macroscopique n’est plus très
caractéristique, mais l’objectif de cette méthode
est de conserver les aspects microscopiques indispensables à
l’identification.
Le séchage des algues est délicat, mais offre
des résultats assez esthétiques. Après
récolte, les échantillons sont rincés à
l’eau douce, puis placés sur une feuille, un papier
absorbant couvrant la préparation. Le tout est disposé
dans du papier journal, sous presse. Le lendemain tous les papiers
seront changés. l’opération est parfois
à renouveler plusieurs fois. Le travail est assez long,
mais, par chance, il y a assez peu d’espèces !
Les mousses sont un groupe particulièrement simple à
conserver. Il suffit de les nettoyer sommairement, et de les
stocker dans des enveloppes de papier. Elle retrouveront la
quasi-totalité de leurs caractéristiques à
la réhydratation.
Les lichens sont simplement stockés dans des boites.
Ils sont généralement prélevés avec
leur support (écorces, roches…).
L’herbier photo
S’il n’a pas la précision
de l’herbier traditionnel, l’herbier photo présente
l’avantage d’éviter la cueillette et reste
d'un moindre encombrement. Nombre d’espèces sont
impossibles à déterminer à partir de photos.
Toutefois, dans la majorité des cas, celles-ci peuvent
rendre de véritables services, notamment pour les espèces
n’ayant pas leur place dans un herbier (plantes menacées,
protégées, rares, ou de taille trop importante
pour un herbier classique). Enfin, cette technique permet d’associer
le végétal à son milieu.
L’inconvénient majeur de l’herbier-photo
est certainement l’investissement financier non négligeable
qu'il exige. Nous ne ferons pas ici, l’inventaire des
différentes techniques et matériels. Indiquons
simplement que l’on peut déjà faire des
clichés intéressants avec un boîtier auto
ou semi-auto, équipé d’un objectif 50 mm
macro (rapport 1/2). Ce type d’objectif permet de s’approcher
à quelques centimètres de l’objet à
photographier. Cet équipement de base vous reviendra
environ à 380 €.
Une seconde solution consiste à adapter une bague allonge
à un objectif 50 mm classique. Ici aussi, il est préférable
de ne pas dépasser le rapport 1/2. Une bague allonge
revient à environ 75-150 €.
Le choix du film dépend de l’usage de vos clichés,
il conditionne particulièrement la qualité du
grain. À savoir, toutefois, que plus le grain est faible
plus la photo supportera les agrandissements, mais aussi plus
la quantité de lumière nécessaire sera
importante. Un grain de 100 asa permet un bon résultat,
en lumière naturelle par beau temps. Enfin, la diapositive
est un peu meilleur marché que le papier. Quand à
la marque, c’est surtout affaire de goût : à
vous de tester !
Reste le choix de la lumière : naturelle, elle offre
des couleurs douces, des flous esthétiques en arrière
plan, mais peu de profondeur de champ et des problèmes
de flou si le sujet bouge (vent). L’utilisation d’un
flash peut remédier à ces problèmes mais
apporte des contrastes plus durs, et souvent un fond noir.
Le flash annulaire est très coûteux. L’emploi
d’un flash amovible est une solution beaucoup plus économique
(environ 15 €). L’idéal est de le coupler
à la cellule photoélectrique du boîtier,
ce qui vous évitera les problèmes d’étalonnage.
Des herbiers " virtuels
"
Les technologies modernes nous offrent de nouvelles solutions
:
- la photocopie de plantes permet de conserver intacte la silhouette
de certaines espèces. Le résultat est intéressant
notamment chez les carex ; l’ouvrage de G. Duhamel (Flore
des carex) emploie ce principe et nous en apporte ainsi la preuve.
- scanner des échantillons permet en outre d’apporter
la couleur et d’offrir,
en prime, les avantages du classement informatique.
Quelques livres
Herbier Clotilde Boisvert
(Éd. Du Chêne) - 1996
Prix : 25,15 €
Brefs conseils de mise en œuvre d’un herbier
ainsi que
planches et étiquettes permettant de le réaliser.
La macrophotographie au fil des saisons
Gérard Blondeau (Éd. VM)
Prix : 39,64 €
Conseils techniques, matériels et surtout superbes
macrophotographies.
Quelques herbiers de référence
Muséum national d’histoire naturelle
57 rue Cuvier, F-75005 Paris
Site
Institut de botanique de Montpellier 167
rue Auguste Broussonnet, F-34000 Montpellier
Muséum d’histoire naturelle de Grenoble
1 rue Dolomieu, F-38000 Grenoble
Conservatoire et jardin botanique de la ville de Genève
case postale 60 ; CH-1290 Chambésy
- Suisse
Site
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Dessins : Frédérique
Levy
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