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L’éclosion d’une nouvelle discipline scientifique
: l’enthéobotanique.
« Dieu est une substance, une drogue
! »
Gottfried BENN
En 1967 quand le paléontologue
Yves Coppens et son équipe découvrirent en Ethiopie
le squelette d’une Australopithèque, ils la baptisèrent
Lucie à cause d’une chanson des Beatles diffusée
sans cesse à la radio. Cette rengaine, Lucy in
the Sky with Diamonds faisait directement allusion au
LSD, la drogue hallucinogène la plus puissante jamais
inventée (1).
L’association, Lucie et le LSD, née du hasard
ou d’un retour du refoulé collectif (?), aurait
valeur d’oracle… En effet, une discipline scientifique
flambant neuve, l’enthéobotanique (2)
allait poser une question fondamentale : à l’aube
de l’humanité, le phénomène religieux
ou spirituel a-t-il pu naître de la consommation de
drogues hallucinogènes naturelles, et précisément
de champignons ?
En d’autres mots, après Galilée, Darwin
et Freud, un certain Wasson a-t-il déclenché
ce qui pourrait devenir une quatrième révolution
copernicienne ?
Le 10 juin 1957, Life Magazine publie un article de 17 pages
d’un Américain alors inconnu, Robert Gordon WASSON,
intitulé Seeking the Magic Mushroom. C’est une
bombe à retardement dont l’onde de choc se mesure
aujourd’hui seulement.
Depuis une trentaine d’années, Wasson et son
épouse russe (Valentina Pavlovna) s’étaient
pris de passion pour les champignons dans leurs manifestations
culturelles, et plus encore pour les espèces hallucinogènes.
Leur papier dans Life Magazine relate leur (re-) découverte
en juin 1955 de l’utilisation de champignons hallucinogènes
dans un village indien des lointaines montagnes de l’Etat
d’Oaxaca, au Mexique. Les Wasson décrivent un
culte d’adoration des champignons tout empreint d’un
syncrétisme religieux mêlant des éléments
chrétiens au substrat indien. Ils assistent, et participent
en absorbant eux aussi des psilocybes, à plusieurs
veladas (scènes de voyance thérapeutique par
les champignons) sous la conduite d’une curandera («
guérisseuse ») qui connaîtra une célébrité
involontaire, la Mazatèque Maria Sabina (3).
Le grand mycologue Roger Heim, alors directeur du Museum d’Histoire
Naturelle de Paris, accompagne Wasson et identifie plusieurs
espèces nouvelles de champignons, comme le Psilocybe
Aztecorum Heim.
Toujours en 1957, les éditions
Pantheon Books éditent le premier livre de Wasson,
à savoir l’ouvrage fondateur d’une
discipline neuve, l’ethnomycologie (qui deviendra
l’enthéobotanique) : Mushrooms, Russia
and History (4).
L’article de juin 57 et le livre déclenchent
un intérêt pour les champignons hallucinogènes
qui s’amplifiera sans cesse. La CIA s’en
sert pour pratiquer des expériences sur «
cobayes » involontaires, avec des objectifs militaires.
Les sixties voient l’explosion de la consommation
des drogues dites « psychédéliques
» et les mesures d’interdiction qui suivent.
Les milieux « psy » s’y intéressent
dans un but thérapeutique. Sans omettre le très
médiatique Timothey Leary qui, tout farfelu qu’il
fût, soulève de beaux lièvres :
« Les drogues sont la religion du XXIme siècle
», « Nous considérons le LSD de la
même façon qu’un prêtre catholique
considère une hostie », « le royaume
des cieux est en vous », etc (5).
Fac-similé en
petit-granite d'une pierre de champignon (mushroom stone)
représentant probablement la divinité
méso-américaine Tlalloc ; début
de la période classique de la civilisation Maya
des Hautes TErres (300 à 600 après J.-C.)
(scupture de Corine Dujardin, original au Rietberg Museum-Zurich). |
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Dix ans plus tard, R.G. Wasson expose une de ses thèses
les plus fondamentales et qui ne laisse aujourd’hui
plus aucun doute (6)
; elle est particulièrement convaincante car très
solidement argumentée : le fameux Soma de l’Inde
védique, cette plante « enivrante » et
breuvage d’immortalité célébré
dans les hymnes du Rig Véda était un champignon
: l’Amanite tue-mouches (Amanita muscaria)
(7). Cet agaric, connu de tous,
s’avère psychotrope et hallucinogène.
Au départ de cette découverte, Wasson produit
une série de travaux plus pertinents les uns que les
autres.
Ce champignon qui vit en association mycorhizale avec bouleaux
et conifères était (est encore) utilisé
dans le chamanisme des peuples paléo-asiates. L’ethnographie
avait décrit son emploi, en Sibérie orientale
par exemple. Ainsi les alcaloïdes du champignon ne sont
pas détruits par le métabolisme du corps humain
et leurs propriétés hallucinogènes se
retrouvent dans l’urine, qui était donc bue pour
récupérer l’effet psychotrope. Cet usage
a pu naître de l’observation d’animaux consommateurs
d’amanites, surtout les rennes très gourmands
de l’urine de leurs semblables. Cependant, les hommes
durent aussi bien connaître les champignons par la pratique
de la cueillette, pour se nourrir, et l’apprentissage
par essai erreur (8).
C’est au départ de l’Eurasie préhistorique,
avec ses forêts de bouleaux, et des populations paléo-asiates
que l’Amanite tue-mouches est devenue l’ «
herbe d’immortalité » des populations proto-indo-européennes
; ensuite dans l’Inde védique, elle a fait l’objet
d’un culte. Mais par le déplacement des peuples
plus vers le sud, l’Amanita muscaria s’est faite
rare et seul son souvenir s’est transmis par l’oralité,
puis dans l’écriture, bien que fortement métaphorisé
(les Védas). La plante merveilleuse a été
remplacée par des substituts botaniques ; d’autres
plantes ont donc servi de Soma.
A la même époque la Chine connaît un «
champignon d’immortalité » appelé
Ling chih. De même dans l’ancienne Perse, le Soma
est devenu l’ Haoma, célébré dans
l’Avesta, dont la plante psychotrope de base fut probablement
Peganum harmala L. (une variété de rue). Les
Manichéens ont dû être au courant de cette
tradition ; et Saint Augustin condamnera plus tard les champignons.

Les mondes grec puis romain nomment les champignons respectivement
brôma theôn et cibus deorum, la « nourriture
des dieux ». Qui ne connaît l’ambroisie
? « Le phallus de Dionysos est hallucinogène.
Sa nature est proche de celle du champignon, du parasite,
de l’herbe toxique qu’on ramasse dans le creux
du thyrse. » écrit Robert Calasso (9).
En effet, les premiers cultes de Dionysos reposeraient sur
la consommation de l’Amanite tue-mouches (10).
Les religions à mystères ont aussi leur boisson
psychotrope. Ainsi les Mystères d’Eleusis font
intervenir une potion, le kykeon, à base de céréales
ou de plantes herbacées contaminées par un champignon
parasite que l’on appelle génériquement
l’ergot du seigle ( Claviceps purpurea) qui
a des propriétés hallucinogènes puisque
sa principale composante psychoactive est très proche
du célèbre LSD 25 (11).
Wasson conjecture, à l’aide
d’une remarquable argumentation – notamment linguistique
– que l’Amanite tue-mouches fut aussi utilisée
pendant des siècles sans écriture ,voire des
millénaires, en Europe. Conjecture considérablement
renforcée aujourd’hui, entre autres par des découvertes
archéologiques. En Catalogne, un gisement ibère
de l’âge du bronze (Mas Castellar) comporte des
traces de l’utilisation de l’ergot du seigle.
L’homme de Similaun (IVme millénaire av. J.C.),
trouvé congelé dans les Hautes Alpes, portait
sur lui des champignons psilocybes (12).
Wasson défend l’idée que les peuples européens
sont classables suivant une dichotomie qui les partage en
populations mycophiles (les Slaves, les Méditerranéens,
…) et mycophobes (le monde anglo-saxon qui voit tout
champignon comme un toadstool, « tabouret de
crapaud »). La mycophobie est née du tabou qu’ont
fait peser les autorités religieuses sur ce savoir
millénaire devenu ésotérique, en transformant
le champignon en un élément chtonien, pervers
(de par son aspect phallique), maléfique (à
cause des visions qu’il induit), et pour tout dire l’assimile
à satan et au monde démoniaque. Bien des traces
de cela persistent : dans les cultures populaires –
éléments linguistiques et folkloriques qui associent
l’Amanite tue-mouches aux crapauds, insectes, serpents,
à la folie (13)
- et peut-être dans la culture savante et secrète,
telle l’alchimie (14).
D’aucuns voient, comme avatar récent du phénomène,
la sorcellerie médiévale où les plantes
psychotropes sont essentiellement des Solanacées :
mandragore, belladone, stramoine, jusquiame, …(15)
Curieux anathème , l’Amanita muscaria
fut considérée comme mortelle, même dans
les livres de mycologie ! ; alors qu’il n’en est
rien, bien que son absorption reste fortement déconseillée
car sa consommation réclame des techniques de préparation
spécifiques. Un psychotrope naturel condense une très
longue recherche empirique et expérimentale de ses
anciens « initiés ».

Le même culte a atteint le Nouveau Monde il y a quelque
15 000 ans par le détroit de Behring. Le chamanisme
des Amériques dérive du modèle des chasseurs
paléo-sibériens (16)
et l’usage des plantes psychotropes dans le chamanisme
américain est un héritage paléolithique
du Vieux Continent (17).
Wasson et ses collaborateurs étudient exhaustivement
le phénomène des champignons hallucinogènes
méso-américains (Mexique, etc), surtout les
psilocybes (18).
En nahuatl, une langue indienne du Mexique, les champignons
sont nommés teo-nanácatl , littéralement
« chair de(s) dieu(x) » ; étonnante analogie
avec le langage de l’eucharistie chrétienne :
« Prenez et mangez ceci est mon corps ». Leur
consommation rituelle retrouvée par Wasson est un véritable
phénomène fossile populaire de ce que l’Ancien
Monde avait pratiqué depuis l’époque préhistorique
– et que plus tard la religion officielle a refoulé.
En fin de parcours, Wasson met en évidence l’utilisation
de l’Amanite tue-mouches chez les Indiens d’Amérique
du Nord (Ahnishinaubeg, Ojibway, …). S’il n’a
pas enquêté en Afrique, on sait néanmoins
que le phénomène fut présent ; par exemple,
à travers l’art pariétal préhistorique
: les peintures et gravures des Tassili (Algérie, Libye,
…) révèlent un chamanisme lié à
des champignons il y a 5 à 8000 ans (19).
En écho à cette cascade de découvertes,
Robert Wasson émet plusieurs hypothèses qui
valent toutes qu’on s’y attarde attentivement.
L’Amanita muscaria pourrait être le premier hallucinogène
de l’humanité, celui qui s’est répandu
sous de multiples avatars, jusque finalement au vin rituel.
Le vieil adage in vino veritas contient peut-être une
vérité plus profonde qu’on ne l’imagine…
Dans La Montagne magique, Thomas Mann a écrit : «
Mais de tout temps l’homme, avide de grands sentiments,
a disposé d’un moyen de s’enivrer et de
s’enthousiasmer qui lui-même est un des dons classiques
de la vie, qui porte le caractère du simple et de la
sainteté, un remède de grand format, si je puis
dire, le vin, un présent divin aux hommes comme l’ont
déjà dit les anciens peuples humanistes, l’invention
philanthropique d’un dieu auquel est en quelque sorte
liée la civilisation, permettez-moi de le rappeler.
Car, ne dit-on pas que c’est grâce à l’art
de planter la vigne et de presser le raisin que l’homme
est sorti de son état de sauvagerie, a conquis la civilisation.
» (20)

Peu importe qu’il s’agisse du premier hallucinogène
comme tel ! Mais le bouleau et l’Amanite tue-mouches
semblent fondateurs d’un mythe , à l’origine
bien réel. Et Wasson de recouper de très nombreuses
cultures et civilisations où Arbre de Vie, Pilier du
Monde (Axis mundi), Arbre Cosmique, Arbre de la Connaissance,
… sont tous des variations du même thème
; ainsi que l’Herbe de Vie, la Plante d’Immortalité,
le Fruit Défendu, …, qui leur sont immanquablement
associés. Ainsi le chamanisme primitif laisse son empreinte
dans les religions. Et Wasson voit dans l’épisode
de la Genèse – celui des arbres du paradis et
du fruit défendu – un écho du même
archétype sous sa métamorphose proche-orientale.
Comme Eau de Vie, Nourriture divine, Boisson d’Immortalité,
ambroisie, … sont des doublets du Soma védique,
qu’on retrouve entre autres dans les mystères
orphiques et les saintes agapes.
(21)
L’« ivresse » provoquée par l’Amanite
fut comprise comme la manifestation de pouvoirs divins. Parmi
les molécules que contient l’Amanita muscaria,
c’est avant tout le muscimol et, dans une moindre mesure,
la muscazone, issus de l’acide iboténique que
contient le champignon, qui s’avèrent les principaux
responsables des propriétés psychotropes. Le
muscimol arbore une structure chimique très proche
d’une molécule naturellement présente
dans le cerveau : l’acide amino-butyrique. (22)
 |
La très
énigmatique fresque de La tentation d'Adam et Ève,
où l'arbre à d'étranges traits fongiques
et même "amanitaux" ; chapelle de Plaincourault
(XIIe siècle), Mérigny (Indre). |

Jadis interprétées comme l’œuvre
du surnaturel, les hallucinations et l’action des drogues
ont été étudiées par la neurobiologie.
Jean-Pierre Changeux écrit : « Du buisson ardent
aux plus récentes apparitions de la Vierge, les religions
ont souvent retenu ces « faits de conscience »
comme révélations de forces surnaturelles. Les
hallucinations ont, en réalité, une solide base
biologique. (23)»
Entre 1950 et 1980 environ, des découvertes majeures
ont été réalisées. D’abord
la mise à jour de la structure indolique dans les composés
psychotropes. Ensuite la structure moléculaire des
principes actifs des plantes hallucinogènes qui s’avère
très proche de certaines hormones du cerveau (neurotransmetteurs).
Un exemple : la psilocybine, qui est présente dans
une centaine de champignons hallucinogènes –
dont les éponymes psilocybes – est une variante
de la diméthyltryptamine, et la tryptamine (dérivé
d’un acide aminé essentiel, le tryptophane) compose
la base d’un neurotransmetteur : la sérotonine.
Autre cas : la mescaline, proche de l’adrénaline,
etc. Etonnantes parentés auxquelles s’est ajoutée
la découverte des « serrures » cérébrales,
en l’occurrence les neurorécepteurs avec lesquels
peuvent réagir des molécules hallucinogènes
des plantes, du fait de leur ressemblance structurale avec
certains neurotransmetteurs. Mais qui plus est, on a découvert
que le cerveau humain secrète naturellement, par exemple,
de la diméthyltryptamine, une des substances hallucinogènes
de l’ayahuasca (le yagé). D’où
naît l’idée que des drogues existent sous
forme latente dans le cerveau - drogues que les états
de conscience modifiés activeraient (24).
En outre, les chercheurs ont constaté que toutes les
drogues augmentent la quantité de dopamine disponible
dans le « circuit de la récompense » cérébral,
d’où l’effet euphorique de ces substances.(25)
Des hypothèses passionnantes découlent de ces
découvertes. Les humains auraient pu subir des mutations
suite à une consommation, d’abord accidentelle,
de drogues psycho-actives – d’où ces mythes
universels de fruits qui ouvrent les portes d’un Autre
monde ou de la Connaissance suprême (26).
Il est très probable en tout cas que des aliments végétaux
aient joué un rôle dans l’évolution
des espèces - évolution qui a produit, on le
sait, des bonds parfois aussi subits qu’importants,
par des effets de constituants végétaux sur
les tissus animaux (27).
Mais encore, ces fameux champignons auraient pu stimuler notre
activité cérébrale en développant
ou accélérant des aptitudes mentales spécifiquement
humaines, comme notre capacité d’un langage verbal
et d’une symbolique – jusqu’à stimuler
ce qui nous distingue des autres animaux : la conscience.
(28)

Et enfin – et il s’agit peut-être de l’idée
la plus passionnante – Wasson , en point d’orgue,
soulève une ultime question : le sentiment religieux
a-t-il pu naître de l’usage même du champignon,
ou en tout cas des premières drogues naturelles hallucinogènes
? Pour le dire sans détour, l’idée du
divin, du surnaturel, c’est-à-dire d’un
Autre monde, paradis et/ou enfer, aurait été
engendrée par l’effet des hallucinations. En
résumé, les dimensions surnaturelles constitutives
de la plupart des religions ne sont-elles pas nées,
tortueusement, de l’esprit halluciné d’humains
? Comme si le Fruit défendu avait ouvert (créé
?) la conscience et avait permis la Connaissance du bien et
du mal. L’« illumination » divine née
d’un champignon ! (29)
Wasson écrit : « La première expérience
enthéogénique de l’homme dut être
une sorte d’unique et authentique miracle ». (30)
Il en coûterait l’expulsion du Jardin d’Eden
et la plante merveilleuse fut l’objet d’un tabou.
Aussi dérangeante qu’elle soit la question mérite
réflexion.
De toutes ces recherches, un néologisme a été
forgé en 1980. Pour désigner spécifiquement
les drogues hallucinogènes dans leur relation au spirituel,
on emploie maintenant dans la littérature scientifique
le mot enthéogènes ; il est formé de
2 racines grecques signifiant « qui produit le divin/dieu
à l’intérieur de soi » (31)
- puisque les hallucinations provoquées par ces substances
ont donné aux hommes l’impression d’entrer
en contact avec un autre univers, le divin, et de communiquer
avec celui-ci ; ce qui correspond parfaitement au «
voyage » chamanique.

La naissance du sentiment religieux primitif a pu être
commun à l’Asie, l’Europe et les Amériques
via un chamanisme qui fut refoulé ensuite par les religions
institutionnalisées. (32)
L’expérience extatique fut fondamentale pour
l’homme – et universelle – mais elle évolua
dans les diverses cultures et religions. (33)
Il est illusoire de vouloir retrouver dans l’Histoire
un phénomène religieux originel. Les documents
archéologiques ne remontent qu’au Paléolithique
final. Pourtant durant des centaines de milliers d’années
l’homme a pu connaître des expériences
de type religieux. (34)
Une tradition religieuse immémoriale repose sur l’hypothèse
chamanique. Le préhistorien français Jean Clottes
voit le chamanisme à la base de la peinture pariétale
des grottes, monde chtonien. Au Paléolithique Supérieur,
les hommes auraient déjà expérimenté
visions extatiques et transe, bref des états d’une
conscience altérée dont Clottes définit
3 stades universels car appartenant au fonctionnement du système
nerveux humain ; bien que le contenu hallucinatoire soit relatif
à la culture. Le chamanisme constituerait la lointaine
origine des grandes religions, dont la tradition judéo-chrétienne.
(35)
Depuis la préhistoire, des contacts se sont produits
entre les différentes populations, sibériennes,
centre-asiatiques, proche-orientales,…(36)
Plus tard, il y eut des rencontres entre Indo-européens
et Sibériens, des influences indo-iraniennes et mésopotamiennes
en Asie Centrale, des relations entre la Chine et l’Orient
hellénistique, etc… Il est certain qu’aucune
religion n’est une création ex nihilo. Aucun
contenu théologique ne fait disparaître le passé,
mais se façonne par récupération, fusion,
renouvellement des éléments fondamentaux antérieurs.
(37)
L’essor des grandes religions historiques, dans lesquelles
les dogmes écrits fixent le surnaturel, a fait reculer
les formes du chamanisme initial. Désormais des castes
de prêtres se sont accaparé le rôle d’intermédiaires
des dieux omnipotents. Les chefs religieux et officiants ont
saisi le parti « miraculeux » qu’offraient
les effets extraordinaires de certaines plantes ou champignons
; toutes ces substances produisaient une action cérébrale
engendrant des comportements singuliers qui impressionnaient
les autres participants non soumis à ces effets. (38)
A l’instar du chamane, le prêtre relie les 2 mondes,
et la communauté au divin : il devient le pontife,
à savoir, selon l’étymologie des Anciens,
le « faiseur de pont ». Qui ne sait d’ailleurs
que le mot religion pourrait signifier «ce qui relie
» ? (39) Et la
cérémonie rituelle du partage du vin unit dans
une « communion » religieuse. (40)
Selon Michel Butor, on trouve chez Zola une profonde affinité
entre le catholicisme et l’alcool : « L’un
et l’autre produisent des ivresses (sic), l’un
et l’autre se transmettent à l’intérieur
du milieu familial. » (41)

Des états de conscience altérée sont
restés au cœur de cultes qui reposaient toujours
sur un savoir révélé, mais le symbolisme
rituel a remplacé la communication directe avec le
divin qui était une caractéristique majeure
du chamanisme. (42) Par
conséquent les moyens de l’extase (les drogues)
ont été abandonnés et refoulés
(43) , quoique des reliques
de l’archaïque chamanisme aient pu se métamorphoser
dans les formes de la sorcellerie, entre autres, qui s’avèrent
bien antérieures à la diffusion du christianisme.
La sorcière volait comme le chamane !
(44) Le baron d’Holbach écrivant «
La religion est l’art d’enivrer (sic) les hommes
de l’enthousiasme (…) » ne croyait probablement
pas si bien dire ! ; et l’ enthousiasme n’est
rien d’autre, littéralement, que le « transport
divin », de en et theos .
 |
Un des
arbres-champignons de la voûte de St Savin-sur-Gartempe
(Indre),
sous la scène de La Création des sphères
célestes dans la nef central.
|

Maintes religions us(ai)ent de méthodes pour modifier
l’état mental : la méditation, l’hyper-oxygénation,
le jeûne, la mortification, …et l’usage
de certaines drogues. En effet, les enthéogènes
– selon 3 variables : substance et dosage, état
psycho-physiologique du sujet, contexte culturel et social
(45) - provoquent des
changements d’émotions et sentiments, de perception
des 5 sens, et du temps et de l’espace. Les multiples
effets enthéogéniques ont été
décrits de long en large dans la littérature
scientifique.(46) Wasson
a décrit lui-même ses visions suite à
l’absorption de psilocybes mexicains : « Les formes
géométriques (…), richement colorées,
visions architectoniques (…) semblaient appartenir à
l’architecture imaginaire décrite par les visionnaires
de la Bible, par St Jean de Patmos, (…) », etc.
L’étude de la mystique - chrétienne, bouddhique,
ou autres - montre clairement une similitude de l’expérience
enthéogénique avec l’état mystique
transcendantal. (47)
En effet, les enthéogènes produisent des expériences
considérées comme hautement religieuses et spirituelles
par ceux qui les vivent. « Dans ma vie les plus importantes
étapes de mon développement spirituel ont eu
lieu suite à des expériences de consommation
d’enthéogènes », écrit T.B.
Roberts, qui plaide ensuite pour que les parents initient
leurs enfants (au stade adulte) à « célébrer
le sacrement » (sic), en l’occurrence à
consommer des enthéogènes. (48)
On peut ainsi envisager la situation des enthéogènes
dans notre monde contemporain comme une forme de retour du
refoulé. Cela se manifeste par leur présence
effective dans des religions. De la Native American Church,
aux USA, fondée par J. Rave en 1911, où on utilise
la mescaline, alcaloïde extrait du peyotl (cactée
hallucinogène) comme hostie de rédemption. (49)
Ou encore l’Eglise du Santo Daime (50)
, une secte chrétienne d’origine brézilienne,
dont les adeptes consomment le yagé (ou ayahuasca),
une drogue extraite d’une liane qui contient du DMT,
diméthyltryptamine, c’est-à-dire des molécules
possédant un anneau de type benzénique (comme
la mescaline) provoquant une transe intense. (51)
Jusqu’aux manifestations apparemment anodines ; tel
le succès très inattendu d’une chansonnette
de 3 minutes 52 sec. d’un groupe de jeunes rennois,
Billy Ze Kick et les gamins en folie vendue pendant l’automne
1994 à plus de 200.000 exemplaires, contenant ces paroles
: « Mangez-moi, mangez-moi/ C’est le chant du
psilo [-cybe] qui supplie / Qui joue avec les âmes (sic)
/ Et ouvre les volets de la perception / (…) »
(52) Et l’internet
est loin d’être en reste avec ses centaines de
sites consacrés aux enthéogènes, parmi
lesquels beaucoup proposent à la vente diverses substances,
plantes et champignons. Aux Etats Unis surtout, certains courants
New Age s’en sont fait les prosélytes. (53)

Inutile d’insister sur cette nouvelle « religiosité
» que constitue le phénomène musical techno
qui s’accompagne de raves où de nouvelles drogues
si justement baptisées ecstasy – un emprunt au
grec (via le latin ecclésiastique !) ekstasis : «
fait d’être hors de soi » - induisent cette
extase, véritable retour vers une transe « chamanique
», collective cette fois. Mais le trip « voyage
» au LSD des sixties était déjà
très révélateur. (54)
D’ailleurs, la (re-) découverte des champignons
par Wasson et ses premiers travaux ont influencé l’aventure
hippie et la Contre-culture.(55)
Les découvertes de l’enthéobotanique ne
peuvent que ranimer les craintes de François Mauriac
concernant le LSD : ne risquait-on pas de trouver Dieu plus
facilement avec des hallucinogènes… ? (56)
A l’heure actuelle se créent des centaines de
drogues synthétiques
(57) face auxquelles la répression policière
semble bien impuissante. Nous connaissons le versant économique
du phénomène, à savoir les centaines
de milliards de dollars (selon l’ONU) que draine le
« marché » de toutes les drogues. (58)
Peut-être faudrait-il donc prendre en compte le «
fond religieux » du phénomène ? On ne
peut que constater avec le toxicologue L. Lewin que «
les aliments seuls exceptés, il n’est pas sur
la terre de substances qui aient été aussi intimement
associées à la vie des peuples, de tous les
pays et dans tous les temps ». (59)
Avant de conclure, terminons par une anecdote. L’ethnologue
Michael Harner raconte : « Tant les indiens Jívaro
que les Conibo-Shipibo qui avaient vu des films me dirent
que les expériences avec l’ayahuasca (une liane
hallucinogène) étaient comparables au fait de
visionner ceux-ci, et ma propre expérience le corrobore.
» (60) . De même,
« L’ayahuasca est la télévision
de la forêt » prétend un indien péruvien
à l’anthropologue Jeremy Narby. (61)
« Just look at MTV. Half of the commercials and videos
resemble drug trips ! » écrit également
le biologiste Thomas Lyttle, en précisant qu’un
réalisateur comme Walt Disney a pu utiliser l’«outil
» des drogues dites psychédéliques…
(62) Beaux sujets de
recherche en perspective ! Car il existe au moins un point
étrangement communs aux drogues enthéogéniques
et aux médias modernes : la tempête d’images
qu’ils génèrent. Nombre parmi nous seraient
donc peu ou prou des « hallucinés » dans
leur genre ! Parce qu’assez rares sont ceux qui résistent
encore à la « bourrasque » médiatique
des images.

L’enthéobotanique n’explique pas tout,
loin s’en faut. Mais elle travaille. Robert G. Wasson
a mis au jour un mécanisme expliquant la genèse
du religieux. Sa thèse rationnelle et solidement argumentée
n’est-elle pas plus cohérente et vraisemblable
que des croyances, qui prétendent, par exemple, qu’un
homme est revenu d’entre les morts, que nous irons au
paradis ou en enfer, etc… ? D’aucuns ont toujours
clamé qu’on ne peut rien prouver. C’est
vrai. Est-ce à dire que tout se vaut ? Il y a des choses
indémontrables pour des raisons évidentes d’absence
de documents. Cependant il faudrait peut-être admettre
que l’absence de preuve n’est pas nécessairement
une… preuve de l’absence , car des ARGUMENTS,
pertinents, solides, concrets, s’avèrent ici
infiniment plus convaincants que nombre d’élucubrations
métaphysiques.
Au fait, que trouvent
les « voyageurs » de Jules Verne au « Centre
de la terre » ?
Des champignons !

Notes de l'auteur
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1 |
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COPPENS Y., 1982.
Le singe, l’Afrique et l’homme, Paris.
The BEATLES, Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club
band, EMI, 1967 |
2 |
|
Née de l’ethnologie
, plus précisément de l’ethno-mycologie,
cette branche étudie les rapports existant entre
les substances psychotropes (c’est-à-dire
qui modifient l’activité mentale) –
plus particulièrement les hallucinogènes
– et l’univers du religieux et des spiritualités.
|
3 |
|
Un vélada
a été enregistré quasi in extenso
(4 LPs en coffret ou 4 cassettes audio) accompagné
du texte en mazatèque, traduit et en espagnol et
en anglais. Il s’agit d’un des plus beaux
documents d’ethnologie jamais réalisé
: WASSON et al., 1974. Maria Sabina and her Mazatec
Mushroom Velada, New York. |
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WASSON R.G. & WASSON
V.P., 1957. Mushrooms, Russia and History, New
York. Une édition unique en 2 volumes sous coffret
de luxe, tirée à seulement 512 exemplaires,
qui est devenue un ouvrage recherché qui se négocie
plusieurs milliers de dollars actuellement. |
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LEARY T., 1979. La politique
de l’extase, Paris, rééd.
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LEVI-STRAUSS C. 1973. Anthropologie
structurale II, Paris.
HEINRICH C.,1995. Strange Fruit, Londres (l’auteur
a lui-même expérimenté l’ Amanita
muscaria).
FORTE R.,1997. Entheogens and the Future of Religion,
San Francisco. |
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WASSON R.G.,1968. Soma,
Divine Mushroom of Immortality, New York. Amanita
muscaria (L. ex Fr.) Pers. : ce champignon pousse
en forêt claire, souvent sous les bouleaux, pins,
mélèzes ; et – on le sait depuis peu
– aussi sous l’Eucalyptus, le Cèdre
du Liban, voire l’olivier (cf RUCK C.A.P. et al
, 2001. Conjuring Eden (…), Entheos, Vol
1, n° 1, pp 13-50, notes 30, 32,50). La variété
la plus connue arbore un chapeau rouge sang parsemé
de verrues blanches : c’est l’archétype
même du champignon en Europe, présent sous
tous les arbres de Noël. Très répandu
en Europe, Amérique du Nord et sous les Tropiques
dans les forêts d’altitude. cf SCHULTES R.
& HOFMANN A., 1993. Les plantes des dieux,
Paris, rééd. |
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DELAVEAU P.,1974. Plantes
agressives et poisons végétaux, Paris.
WASSON R.G. et al.,1986. Persephone’s Quest,
New Haven.
Le contenu stomacal de cadavres retrouvés conservés
dans les marécages sont révélateurs
; l’homme de Tollund (Danemark +/- 210 av. J.C.)
dont l’estomac contient essentiellement des «
mauvaises » herbes - cf FECHNER K. 1992. Le pain
avant l’histoire : un bilan archéologique
et palethnologique pour le Nord-ouest de l’Europe,
Ethnologies d’Europe, 2, Bruxelles, p 67.
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CALASSO R.,1989. Les
noces de Cadmos et Harmonie, Paris |
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CAMILLA G., 1995. Universalité
de l’expérience psychédélique,
dans BENITEZ F., Les champignons hallucinants,
Paris, p 89-97 |
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WASSON R.G., RUCK C.A.P.,
HOFMANN A., 1978. The Road to Eleusis, New york. |
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FERICGLA J. , 1999. El
peso central de los enteógenos en la dinámica
cultural. www.muscaria.com/CIPRES/colombia.htm |
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CAMILLA , 1995, op cit. |
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HEINRICH, 1995, op cit. |
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GINZBURG C., 1992. Le
sabbat des sorcières, Paris. |
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LEVI-STRAUSS , 1973, op cit.,
CAMILLA, 1995, op cit. |
17 |
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LECOURT M., 1986. Quelques
aspects de l’ethnobotanique (…), Civilisations
(Ethnologies d’Europe et d’ailleurs),
XXXVI, 1-2, p 55-66. |
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WASSON R.G. & HEIM R.,
1958. Les Champignons hallucinogènes du Mexique,
Archives du Museum National d’Histoire Naturelle,
VI, 7me série, Paris.
WASSON R.G., 1980. The Wondrous Mushroom, Mycolatry
in Mesoamerica, New York. |
19 |
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LHOTE H., 1959. The Search
for the Tassilli Frescoes, New York. FORTE , 1997,
op cit.
SAMORINI G., 2001. Funghi Allucinogeni Studi Etnomicologici,
Dozza (Italie), p 53-66 |
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MANN T.,1924. La montagne
magique, Paris, p 615. |
21 |
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WASSON et al., 1986, op cit. |
22 |
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PELT J.M., 1983. Drogues
et plantes magiques, Paris. |
23 |
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CHANGEUX J.P. , 1983. L’homme
neuronal, Paris, p 198. |
24 |
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SCHULTES R. & HOFMANN
A., 1980. The Botany and Chemistry of Hallucinogens,
Springfield.
NARBY J., 1995. Le serpent cosmique, Genève.
ROSENZWEIG M .,1998. Les drogues dans l’histoire
entre remède et poison, Paris.
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25 |
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CHANGEUX , 1983, op cit.
SNYDER S., 1987. Les drogues et le cerveau. Utilité
et méfaits des médicaments du cerveau,
Paris
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26 |
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ESCOHOTADO A., 1989-90. Historia
general de las drogas, 3 vol., Madrid. |
27 |
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DELAVEAU, 1974, op cit. |
28 |
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FORTE , 1997, op cit. |
29 |
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L’ethnographie mentionne
qu’au bouleau (et à l’amanite) est
associé un autre champignon, un polypore parasite,
l’amadouvier, qui a fourni aux hommes l’amadou,
donc la mèche inflammable : de l’illumination
concrète d’avec le feu, on passerait à
l « illumination » spirituelle née
de l’agaric psychotrope. |
30 |
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WASSON , 1986, op cit. |
31 |
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RUCK C.A.P., 1979. The
Journal of Psychedelic Drugs, Vol 11 (1-2), Janv.-Juin.
OTT J., 1996. Pharmacotheon. Entheogenic drugs, their
plant sources and history, Kennewick (2me éd.).
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32 |
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CAMILLA , 1995, op cit. |
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33 |
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ELIADE M., 1968. Le chamanisme
et les techniques archaïques de l’extase,
Paris.
FORTE, 1997, op cit.
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34 |
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ELIADE, 1968, op cit. |
35 |
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CLOTTES J., LEWIS-WILLIAMS
D., 1996. Les chamanes de la Préhistoire,
Paris.
MOHEN J.P., 1995. Les rites de l’au-delà,
Paris.
ELIADE, 1968, op cit.
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36 |
|
Ibid |
37 |
|
Ibid |
38 |
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BELLANGER J.L., 1961. La
Chasse au dragon. La stupéfiante histoire de la
drogue dans le monde, Paris. |
39 |
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ROSENZWEIG M., 1998. Les
drogues dans l’histoire entre remède et poison,
Paris. |
40 |
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BATESON G., 1977. Vers
une écologie de l’esprit, T1, Paris |
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BUTOR M., 1974. Répertoire
IV, Paris |
42 |
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ESCOHOTADO, 1989-90, op cit. |
43 |
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CAMILLA, 1995, op cit. |
44 |
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LA BARRE W. , 1974. Les
plantes psychédéliques et les origines chamaniques
de la religion, dans FURST P.T., La chair des dieux,
Paris, p 249-266.
LECOURT, 1986, op cit.
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45 |
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Ce que les Anglo-saxons nomment
set and setting |
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WATTS A., 1969. L’expérience
psychédélique : réalité ou
chimère ?, Mandala. Essai sur l’expérience
hallucinogène, Paris, p 238-251.
WASSON & HEIM, 1958, op cit.
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47 |
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SNYDER, 1987, op cit
PAHNKE W.N., 1963. Drugs and Mysticism : An Analysis
of the Relationship between Psychedelic Drugs and the
Mystical Consciousness, Cambridge : Harvard University
; thèse de doctorat. |
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48 |
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ROBERTS T.B. , 1997. Academic
and religious freedom in the Study of the mind, dans
FORTE , op cit, p 137-151.
GRINSPOON L. & BAKALAR J.B., 1979. Psychedelic
Drugs Reconsidered, New York.
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49 |
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BELLANGER, 1961, op cit.
FIKES J.C., 2001. Peyote religion : opening doors
to the creator’s heart, Entheos, Vol 1, n°
2, p 75-82.
TROUT K. & HOFFMAN M. , 2001. Faith, Belief &
the Peyote Crisis, Entheos, Vol 1, n° 2, p 83-86.
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50 |
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« Santo daime
», « Saint, donnez-moi », en référence
à une (pseudo) citation du Christ aux Oliviers
: « Donnez-moi le calice de souffrances qui se transformeront
en joies » |
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ESCOHOTADO, 1989-90, op cit.
SHULGIN A. & SHULGIN A., 1991. Pihkal, A Chemical
love story, Rosetta.
SHULGIN A. & SHULGIN A., 1997. Tihkal, The Continuation,
Rosetta .
Ces 2 ouvrages fondamentaux des Shulgin sur la biochimie
ou neurochimie de la plupart des enthéogènes
naturels et synthétiques sont consultables sur
le site http://www.erowid.org/books_online/pihkal/pihkal.html
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Billy Ze Kick et les
gamins en folie, CD Shaman (Dist. Polygram). |
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DIJS F., 1999. Plant
die God bevat ? www.euronet.nl/users/fd/arto7.html |
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ROSENZWEIG, 1998, op cit |
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On peut constater par exemple
l’apparition fréquente de champignons sur
les pochettes de disques de la Contre-culture rock (cf
par ex. la peinture psychédélique illustrant
la couverture intérieure (gatefold) du
double 33tours de l’Allman Brothers Band, Eat
a peach , Capricorn Records, 1972.) |
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BRAU J.L., 1969. Notes sur
l’usage religieux du peyotl et sa répression,
Mandala. Essai sur l’expérience hallucinogène,
Paris, p 285-291. Brau cite le n° 71 du Crapouillot
pour la citation de Mauriac. |
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Voir le site Web relatif
à la réf. SHULGIN A. |
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Par ex. : INCIYAN E., 1997.
Les recettes du trafic de stupéfiants (…),
Le Monde, 27/06, p 6. Environ 10 % de la population
du globe consommerait des drogues illicites ; sans mentionner
les médicaments psychotropes dont les chiffres
atteignent également des scores « astronomiques
» (cf Par ex : ZARIFIAN E., 1996. Le prix du
bien-être. Psychotropes et société,
Paris.) |
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LEWIN L., 1970. Phantastica
: drogues psychédéliques, Paris, (rééd.).
La 1e bible sur le sujet rédigée au début
du XXme siècle. |
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HARNER M., 1974. Hallucinogènes
et chamanisme, Genève, p 173 |
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NARBY , 1995, op cit, p 180 |
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LYTTLE T., 1993. Psychedelica
mysticae : White Light Drugs and the Search for the Pineal,
Integration, n° 4, Knetzgau (Allemagne),
p 29. |
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